La SéCRé qui fut le « haut couturier » de l’électronique professionnelle à la française durant les années 80 voit son livre d’histoire se refermer après le décès de cet ancien ECE qui en fut le directeur général de 1971 à 1993.

C’est avec tristesse que nous avons appris la disparition de Claude Manceau ancien élève de notre école à une époque où elle ne s’appelait pas encore ECE mais école Centrale de T.S.F. et d’électronique.

Né le 7 mai 1929 à Angers il mène dans cette ville de solides études jusqu’en Math’s-Elem après quoi il poursuit en Math’s-Sup à Nantes avant de rejoindre la faculté de Rennes souhaitant devenir professeur de mathématiques. Malheureusement les temps sont difficiles alors qu’à l’âge de 7 ans il a perdu son père. Il devient maître d’internat pendant trois ans avant de décider un changement d’orientation radical.

Attiré par les transmissions il est reçu au concours d’inspecteur des P.T.T. Ceci lui permettra d’effectuer son service militaire dans cette spécialité avec un passage par l’école de Transmissions de Sète dont il sortira avec le grade de sous-lieutenant en 1953. Une fois libéré il entre aux P.T.T. comme inspecteur-élève. Mais finalement sa passion pour la radio et l’électronique vont brutalement modifier son parcours au bout de quelques mois. En 1955, il rejoint notre école pour intégrer le cours supérieur préparant à la carrière d’ingénieur tout en suivant en parallèle les cours de la faculté des sciences de Paris.

Avril 1976, Claude Manceau (à droite), directeur général de la SéCRé accueille sur son stand du Salon International des Composants en compagnie de son PDG Alex Clément (à gauche) le Ministre de l’industrie Michel d’Ornano.

(Photo collection SéCRé)

De suite ses qualités de leader se manifestent pour la plus grande satisfaction de sa promotion dont il devient le responsable assurant ainsi le contact permanent avec la direction de l’école. Diplôme en poche il rejoint de suite comme ingénieur débutant la société SéCRé fondée par Alex Clément, un autre ancien de l’école en octobre 1940.

Alors que tout allait bien pour cette dynamique entreprise toujours à la pointe du progrès, elle voit son président fondateur éloigné des commandes pour de nombreux mois suite à un très grave accident automobile. C’est donc le jeune Claude Manceau qui va devoir s’improviser directeur par intérim veillant aussi bien aux questions techniques que de gestion de l’entreprise. Il mènera cette mission avec une remarquable conscience et un sens aigu des responsabilités au point de rendre la SéCRé encore plus forte. C’est ainsi qu’il gagne la confiance de son président et des nombreux anciens camarades de l’ECE qui ont contribué à la renommée de ce fleuron de l’électronique française. Poursuivant son ascension il en devient tout naturellement le directeur général en juillet 1971.

En 1973 il participe à la création du Club de la Péri-Informatique Française dont il prendra la présidence en 1981 aux côtés de Roger Chevrel, directeur de Thomson BSI, Jean-Claude Albrecht, directeur général de Bull France et Boris Fostoff, PDG de Dassault Automatismes et Télécommunications. Malgré les hautes fonctions qu’il assure au sein de la SéCRé et son engagement dans le monde l’informatique, il assure en 1980 la présidence de la SI (Société des Ingénieurs de l’ECE), devenue en 2010 Alumni ECE. Mais toutes ces responsabilités ne lui feront jamais oublier son école et ses élèves avec qui il entretient sans discontinuité des relations chaleureuses et bienveillantes afin de les encourager dans leurs efforts et leur montrer à quel point l’avenir qui s’offre à eux peut être grand.

Présente dans les réalisations de pointe dans les secteurs des télécommunications, de la péri-informatique, de l’énergie et de la défense, la SéCRé se verra qualifiée de « haut couturier » de l’électronique professionnelle française sous sa direction. En octobre 1993 après 28 années de fidélité à cette entreprise dont il fera aux côtés de son président Alex Clément l’une des plus belles PME françaises des années 80, Claude Manceau se retire pour savourer une retraite bien méritée.

Avec la disparition de Claude Manceau, l’ECE perd à la fois un ami et un brillant exemple de ce que peut être une réussite professionnelle marquée par le goût de l’excellence et du dépassement de soi tout en privilégiant le progrès social pour l’ensemble de ses équipes.

1985 : Claude Manceau, Directeur général de la SECRE, Chevalier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite.

(Photo collection Claude Manceau)